La rentrée scolaire porte en elle quelque chose de profondément contradictoire. Si nous sommes à la fois ravies voir même motivées par cette idée de pouvoir commencer quelque chose de nouveau, la rentrée rime également avec pression, fatigue, organisation et charge mentale, le plus souvent portée par nous les mamans, les femmes, les filles…
Je dois dire aussi que même si j’adore le rythme des vacances et passer du temps avec mes enfants, je ressens un soulagement de quitter mes rôles à temps plein d’animatrice, maîtresse d’école, éducatrice, cuisinière, psy, infirmière et j’en passe.
Fournitures scolaires, courses de rentrée, travail, rangement de la maison, rendez-vous médicaux et j’en passe. D’ailleurs je me demande comment j’ai fait cette année encore. Mais à peine une semaine après je me retrouve enrhumée, épuisée et avec un enfant malade à la maison.
D’ailleurs je crois que la rentrée commence pour nous les femmes bien avant la date de rentrée. Je réalise que j’ai commencé à y penser avant et plein de fois pendant l’été. J’ai essayé de m’avancer le plus possible. Mon but était d’avoir le moins de choses à faire la première semaine. Force est de constater qu’il me restait encore bien trop de choses à faire!
Toutefois, pour nous, cette période est marquée par une pression sociale intense. Entre la gestion du travail, les responsabilités parentales et la charge mentale familiale, la rentrée devient un véritable défi où les attentes sont nombreuses. Je me sens parfois écrasée dans cette case qui m’est imposée.
Le mythe de la “femme parfaite”
À chaque rentrée (et d’ailleurs à d’autres moments dans l’année), un modèle social persistant s’impose : celui de la femme qui réussit à tout concilier avec aisance. On attend de nous que nous soyons tout à la fois: une professionnelle accomplie, une mère dévouée, et une compagne attentive. Nous devons garder le sourire et ne montrer aucune faiblesse. Nous devons garder le sourire et faire cela avec grâce.
Ce mythe est renforcé par certains comptes sur les réseaux sociaux, où beaucoup de femmes se montrent une image idéalisée de leur quotidien. Cette représentation biaisée alimente un sentiment de culpabilité chez celles qui, en réalité, peinent à jongler avec toutes ces responsabilités. Car oui croyez-moi ma rentrée n’avait rien de glamour! J’ai passé la semaine à courir, à sentir la transpiration et à me taper la pluie.
En effet, j’aimerai, je l’avoue, voir plus de femmes dire que ça les saoule, que c’est dur, que c’est stressant. Bref, plus d’image lisse, figée et parfaite mais bien une représentation de ce que nous ressentons et vivons au quotidien.
Cette pression sociale commence souvent bien avant la rentrée. Nous sommes généralement celles qui organisent les courses de rentrée, préparent les fournitures scolaires, planifient les activités extrascolaires et s’assurent que tout est en ordre à la maison. Cela constitue notre charge mentale et c’est ce poids invisible que les nous portons. Nous pensons pour tout le monde.
Et gare à nous, si nous devions nous montrer vulnerables, car une salve de jugement s’abattrait alors faisant de nous de mauvaises mères, de chieuses, des femmes difficiles ou faibles. Pourtant la tâche est ardue et presque insurmontable parfois se répétant d’année en année.
L’impact professionnel de la rentrée
Au-delà des responsabilités familiales, la rentrée est également une période de grande intensité au travail. Nous voilà, retourner au travail et devant faire face à des objectifs à atteindre et une pression incroyable. Souvent nous devons même poser des jours supplémentaires pour pouvoir gérer cette rentrée des enfants. Or cela ne me semble pas juste.
Nous devons constamment prouver que nous sommes disponibles, performantes et motivées.
En effet, mes clientes me partagent souvent cette obligation qu’elles ressentent de masquer les difficultés qu’elles rencontrent pour concilier travail et famille. Elles n’ont pas d’espace pour partager ou même souffler. Elles ressentent une pression intense dans tous les domaines. Finalement leur voix profonde et intime est souvent réduite au silence par les jugements écrasants qu’elles reçoivent et des conséquences non maîtrisées.
Cette situation entraîne le plus souvent un épuisement physique et mental. Tout cela contribue également à la baisse du niveau de confiance en soi. D’autre part je constate que nous sommes les grandes oubliées de notre propre jeu. À la vérité, nous avons très peu de temps pour nous occuper de nous-même : de notre santé physique ou mentale, de notre fatigue, de notre espace intérieur.
La recherche d’un équilibre
Face à ces exigences multiples, trouver un équilibre est sans doute notre challenge. Personne ne viendra nous aider ou nous soulager. J’ai pris conscience l’autre jour que je me plaignais régulièrement d’être fatiguée. Et pourtant pas une personne ne m’a dit: « comment je peux t’aider? », ou « comment je peux te soulager?». Par contre j’ai entendu « tu es tout le temps fatigue, fais du sport, fais des analyses, dors ». Au lieu de me proposer de l’aide que je ne demandais pas certes, on me rajoutait une liste de choses à faire qui ne rentrent pas dans mon emploi du temps.
Alors oui, cet équilibre passe par une meilleure répartition des tâches au sein du foyer, la capacité à dire “non” à certaines attentes irréalistes, et surtout, la reconnaissance du fait que la perfection n’est ni possible, ni souhaitable. Nous nous sentons piégées par cette quête de perfection.
Certes, mais avons-nous toutes un environnement bienveillant prêt à accueillir cette parole et à passer à l’action? Avons une famille ou une belle famille prête à se retrousser les manches sans nous dire « mais comment on faisait nous à notre époque? » Avons nous un boss compatissant qui peut nous accorder de la souplesse et de l’écoute? Pouvons nous déléguer en étant sur que ce sera fait presque correctement?
La nécessité d’un changement social
Cependant, il est important de souligner que cette pression ne doit pas être vue comme un simple problème individuel à résoudre. Il s’agit d’une question systémique. La société doit évoluer pour soutenir les femmes dans cette période charnière. Des politiques de travail flexibles, un soutien accru à la parentalité et une véritable égalité dans la répartition des tâches domestiques sont des solutions concrètes pour soulager cette pression.
En conclusion, la rentrée est une période de stress particulier pour nous toutes. Reconnaître ce poids et agir pour alléger cette charge, que ce soit individuellement ou collectivement, est essentiel pour nous permettre à toutes de vivre cette période de manière plus acceptable. Car disons le je pense que nous méritons mieux. Je souhaite en vérité nous déculpabiliser car tout ne dépend pas uniquement de nous. Nous avons besoin de plus et nous avons besoin que tous fassent mieux.
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